Hatchepsout, la reine Victoria et Louisa May Alcott : ces femmes célèbres qui aimaient le chanvre
Le 20 avril est traditionnellement la journée internationale du cannabis (nom latin du chanvre), plante dont l’usage est bien souvent associé dans notre imaginaire à des pratiques masculines. Or, tout au long de l’Histoire, les femmes ont elles aussi consommé, étudié ou cultivé cette plante, qu’il s’agisse de la manger, de la boire, de la fumer ou encore de préparer des solutions médicinales comme des compresses à base de chanvre.
D’une antique reine égyptienne à une poétesse contemporaine, voici quelques éminentes consommatrices qui ont marqué l’histoire du chanvre.
Hildegarde de Bingen et le chanvre médicinal
La célèbre religieuse bénédictine Hildegarde de Bingen (1098-1179) était à la fois compositrice, phytothérapeute et abbesse. Elle cultivait son chanvre dans les jardins de son monastère. Médecin, elle en recommandait l'usage dans ses écrits, pour soulager la phlébite (caillots de sang), les nausées (antiémétique) et contre les douleurs d'estomac.
Dans son ouvrage Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, elle discute des applications médicales potentielles du chanvre et de sa culture et conseille diverses utilisations : « Sa graine contient la santé, et, pour les gens en bonne santé, il constitue une saine nourriture (…). dans l'estomac, il est léger et utile, parce qu'il diminue quelque peu les écoulements d'humeurs, et on peut le digérer facilement, et il diminue les humeurs mauvaises et renforce les bonnes. (…) Une bandelette de chanvre est excellente pour chasser les ulcères et les plaies, parce qu'il a en elle, une chaleur modérée. »
L’utilisation curative du tissu de chanvre a d’ailleurs persisté dans la médecine féminine dans l'Europe médiévale plusieurs siècle durant.
La reine Victoria : le chanvre contre les douleurs de règles
C’est l’un des épisodes les plus relatés de l’histoire du cannabis médical : comme le rapporte la BBC, la reine Victoria – que l’on associe aujourd’hui davantage à la pruderie et au conservatisme qu’à la fumette – aurait utilisé des préparations à base de chanvre pour traiter ses douleurs menstruelles. Sir Russell Reynolds, son médecin privé, écrivait même en 1890 : « lorsqu’il est pur et administré avec soin, [le chanvre] est l’un des médicaments les plus précieux que nous possédions ».
Avant elle, nous n’en avons pas la certitude, mais il se pourrait que le pharaon (ou plutôt la « pharaone ») Hatchepsout consommait déjà du chanvre pour ses vertus médicinales. L’utilisation du chanvre en gynécologie est en effet attesté par le papyrus Ebers (vers 1550 av. J.-C.), le texte le plus important pour approcher la médecine de l'Égypte antique. Il a été produit peu avant qu'Hatchepsout n’accède au pouvoir (elle a vécu d'environ 1508 à 1458 av. J.-C.), et il n'est pas exclu qu'elle ait suivi ses conseils.
Ce papyrus mentionne le chanvre comme une aide à l'accouchement, indiquant son utilisation broyé en miel et inséré dans le vagin. De manière plus large, les chercheurs s'accordent à dire que ce que les Égyptiens appelaient le shemshemet était du chanvre, et qu'il était utilisé pour une variété d'usages médicinaux, y compris la prise par voie orale et la "fumigation".
Au-delà de ces usages médicinaux, cet article ne serait pas complet s’il n’évoquait pas l’usage du chanvre pour des raisons que l’on qualifierait aujourd’hui de récréatives. Au XIXe et au XXe siècle, à l’instar de leurs homologues masculins, un certain nombre d’artistes femmes ont ainsi eu recours au cannabis pour trouver l’inspiration et développer leur créativité.
Louis May Alcott et les quatre filles du Docteur Hasch
On se souvient davantage de Louisa May Alcott pour sa description de la vie de famille et des aspirations conjugales des Quatre filles du Docteur March que pour ses descriptions de ses expérimentations sur le chanvre. Et pourtant !
« Une rêverie céleste les envahit, dans laquelle ils se déplacent comme dans les airs. Tout est calme et charmant pour eux : pas de douleur, pas de souci, pas de peur de quoi que ce soit, et pendant que cela dure, on se sent comme un ange à moitié endormi. » C’est ainsi que la romancière décrit les effets du haschisch dans sa nouvelle Jeu périlleux, publiée en 1876, sept ans après Les Quatre filles du Docteur March, ainsi que le rapporte le studio américain Grass Agency. Elle conclut sa nouvelle par ses mots « Le ciel bénisse le haschich, si ses rêves se terminent comme ça ! »
Un autre exemple : Jean-Noël Liaut, dans sa biographie Karen Blixen, une odyssée africaine, rapporte que l’autrice danoise de La Ferme Africaine – rendue populaire par son adaptation au cinéma Out of Africa - aimait prendre des drogues (opium, haschish) avec son amant Finch Hatton (joué par Robert Redford) au cours de leurs soirées amoureuses.
Plus proche de nous encore, Maya Angelou, la célébrée poétesse et militante afro-américaine, a largement documenté sa relation au cannabis. De sa première expérience lors d'un dîner, elle se souvient : « La nourriture était la meilleure que j'aie jamais goûtée. Chaque morceau était une expérience de pur délice. Je me suis perdu dans une brume de plaisir sensuel, appréciant non seulement les goûts mais la sensation de la nourriture dans ma bouche, les odeurs et le bruit de mes mâchoires qui mâchent. »
Certes, rappelons que ces usages dits récréatifs demeurent illicites. Néanmoins, cela ne nous empêche pas d’écrire notre propre page de l'histoire du chanvre, en s’inscrivant dans cette illustre lignée. En infusant votre tisane Slow, créées par deux cofondatrices, méditez donc sur ces femmes qui vous ont précédées et sur l’avenir de la relation des femmes au chanvre !